De JACK JOHNSON à MUHAMMAD ALI (PART 1)

Jack Johnson, une figure centrale de l’histoire de la Boxe

 

« J’ai grandi en aimant l’image de Jack Johnson.
  Je voulais être mauvais, dur, arrogant,
  je voulais être le nègre que les blancs n’aiment pas. »

 (Muhammad Ali dans « King of the World » de David Remnick)


JOHN L. SULLIVAN (1858-1918)

On considère Sullivan comme le premier Champion du monde Poids Lourds, titre qu’il remporta alors que la Boxe était à ce moment là interdite, ainsi, les combats de l’époque pouvaient durer plus de 4h car il n’y avait pas de limitation de rounds et se finissaient souvent par une nuit au commissariat de police le plus proche. Après quelques combats à mains nues, les règles du Marquis de Queensberry furent définitivement adopté. Sullivan fût le champion en titre de 1882 à 1892, prestige qu’il su parfaitement imager par sa célèbre phrase :

«Le Champion du monde des poids lourds
c’est l’homme qui peut battre 
tous les fils de pute de cette terre. »




Cependant, pour se faire une idée des choses de manière précise, il faut comprendre que l’histoire de la boxe n’est pas une histoire authentique car la réelle histoire de la boxe ne commence qu’à partir de Joe Louis. En effet les champions refusaient de rencontrer des boxeurs Noirs. Ainsi pendant son règne, John Sullivan, homme ouvertement raciste, ne fit aucun combat contre un seul homme Noir. Celui que l’on appelle son "shadow champion" était Peter Jackson, l’un des meilleurs boxeurs de sa génération qui remporta en 1886 le titre de Champion du monde des lourds mais dans la catégorie "hommes de couleurs".


(Peter Jackson)


TOMMY BURNS (1881-1955)

Tommy Burns, Champions du monde des poids lourds de 1906 à 1908, franchit le pas auquel Sullivan ne s’était pas risqué. Il accepta de remettre son titre en jeu face au grand Jack Johnson, champion en titre des "hommes de couleurs" de l’époque. Après que Johnson l’ai poursuivit jusqu’au bout du monde, il accepta ce combat qui eut lieu finalement en Australie.







































Alors que dans la salle les blancs vomissaient leur haine pour tout les Noirs du monde, Jack Johnson infligea une brillante et cruelle défaite en 14 rounds à Burns qui dût lui remettre sa ceinture à l’issu du combat. Immédiatement, le monde Blancs fût saisit d’une totale panique. Les journaux s’interrogèrent avec sévérité sur la possible fin de la suprématie blanche. Pire encore, Jack Johnson revint d’Australie avec une femme blanche agrippée à son bras.


JACK JOHNSON (1878-1946)

Champion du monde des poids lourds de 1908 à 1915



Stanley Ketchel décida alors de venger Burns et, pendant que Jack parlait au public et rigolait ouvertement en même temps qu’il le frappait, il perdit quatre dents, planté dans le gants de Johnson lors de ce combat où il ne domina jamais.





S’en était trop et James Jeffries décida de sortir de sa retraite, champion du monde des lourds, de 1899-1905, invaincu, il annonça en cette année 1910 qu’il combattrait Johnson « dans le seul but de montrer que l’homme blanc est meilleur que le nègre ». Le combat eut lieu à Reno sous le soleil du Nevada au son d’une foule chantant «tue le Nègre!» et Jack London, qui couvrait à l’époque de nombreux combats, rassura tout le monde en montrant sa confiance absolue dans la race blanche. Cependant il n’en fût pas ainsi, Johnson, ce fils d’esclaves, sourit de toutes ses dents en or et gagna en criant «I’M THE GREATEST» : Le champion du monde officiel était désormais Noir.



 

Sa victoire déclencha une vague d’émeutes sanglantes et de lynchages à travers tout le pays d’une violence sans pareille et que l’on ne revit plus jusqu’à l’assassinat de Martin Luther King en 68. Il fût interdit de filmer ses combats et le poète William Waring Cuney écrivit ce poème :

"My Lord, What a Morning"

O my Lord
What a morning,
O my Lord,
What a feeling,
When Jack Johnson
Turned Jim Jeffries'
Snow-white face
to the ceiling.

Pendant ce temps, Johnson, érudit et homme de goût à la personnalité exubérante, se pavanait dans de magnifiques habits au volant de voitures dernier cri, toujours accompagné des femmes blanches qu’il affectionnait particulièrement. (Il sera d’ailleurs emprisonné en 1920 pour avoir épousé une Blanche.) Tout ceci conduisit en 1913 à un renforcement des lois sur le mélange des races dans de nombreux états et cette fameuse victoire de Johnson sur Jeffries conditionnera définitivement les carrières des autres boxeurs Noirs qui viendront après lui.



Lorsque Johnson perdra son titre en 1915 face au nouvel Espoir Blanc Jess Willard à l’issu du 26ème Rounds, il restera dans les mains des boxeurs Blancs jusqu’en 1937, jusqu’à Joe Louis. L’Amérique n’était pas prête à revivre un tel "cauchemar"… Ainsi peut-on voir ici de manière édifiante à quel point la boxe est le reflet d’une réalité sociologique et comme elle occupe une place primordiale
dans l’histoire du peuple Noir.



Références : "Unforgivable Blackness : The Rise and Fall of Jack Johnson" par Geoffrey Ward
                     "De la Boxe" par Joyce. C. Oates



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